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© Fabienne Rappeneau
Zoom par Patrick Adler
La Joconde parle enfin
Au théâtre de l’œuvre

On l'avait entr'aperçue sur Arte dans "A Musée Vous, A Musée Moi". Sur une pastille de quatre minutes, Fabrice Maruca l'avait imaginée au téléphone avec son agent... un certain Dominique Besnéhard ! C'était drôle, décalé mais court. Cette fois, Laurent Ruquier la fait sortir du cadre une heure durant. Elle et son créateur Léonard. Pour le plaisir.
D'ordinaire, dans les contes, les objets s'animent la nuit. Cette fois, c'est au grand jour que Laurent Ruquier dévoile sa Joconde, icône mondiale, toujours imitée, jamais égalée. Dans une création un brin "ludo-pédago", il nous fait voyager entre grande et petite Histoire. C'est truffé d'anecdotes - toutes avérées -, c'est joyeux, enlevé, d'autant que le personnage nous parle, dans toutes les acceptions du terme. Vous la voyiez statique, la Mona ? Que nenni. Comme diraient nos grands-mères, il ne lui manquait que la parole. Ruquier en a pris bonne note. Elle en profite, c'est son moment, elle va donc se lâcher à l'envi. Dans un mix savamment dosé de "Secrets d'Histoire", "Point de vue" et "Images du monde", "Gala", "Voici", elle nous joue "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Joconde sans jamais oser le demander". Tout y passe : les séances de pose, la livraison repoussée du portrait, sa relation extra-conjugale (elle assume d'en avoir sous le pied et... dans le lit, malgré la double sexualité de son créateur et sa jalousie à elle pour ses mignons à lui), son attirance pour François 1er, l'effet "sfumato" de Leonard de Vinci, son statut de Number One, son regard amusé sur Madonna, sur les copies qu'on fait d'elle... L'essentiel étant qu'on en parle et qu'on la chante, surtout Barbara !

Il fallait une Karina Marimon au sommet de sa forme pour interpréter la diva Florentine. Tour à tour mutine, câline, coquine, gouailleuse, vacharde, elle virevolte, occupe la scène. Sortie du cadre, délestée de quelques morceaux de tissu, elle s'offre presque le luxe d'un effeuillage. Non, la Joconde n'est pas qu'une femme-tronc. On découvre ses jambes. Mona Lisa est sensuelle. Mona Lisa est une femme. Mona Lisa est La femme. De sa voix agréable, toute cristalline, elle s'offre quelques pauses musicales qui semblent alléger ses siècles de confinement. Exit le profil hiératique, elle démontre qu'elle peut aussi se muer en Locandiera. Mona Lisa est populaire.

C'est assurément l'un des spectacles les plus réussis, les plus aboutis de Laurent Ruquier qui signe en une heure et quelques une conférence historique animée, drôle et instructive. Il offre à Karina Marimon, l'iconique Renata des "Petites histoires de France" - déjà nommée aux Molières pour "Big Mother" - l'un de ses plus beaux rôles. Habilement dirigée par le metteur en scène Rodolphe Sand, elle évolue sur scène avec grâce, intelligence, ironie. Avec le sourire, bien sûr. Car elle s'amuse. Follement. Nous aussi. Alors, ce Molière ?

Courez-voir "La Joconde parle enfin". Pour info, sachez que vous avez même un parking Vinci à proximité...
Paru le 04/03/2024

(41 notes)
JOCONDE PARLE ENFIN (LA)
THÉÂTRE DE L'ŒUVRE
Jusqu'au samedi 1 juin

SEUL-E EN SCÈNE. Laurent Ruquier donne enfin la parole à cette star internationale à qui personne n'a jamais demandé son avis. Vous la connaissez dans La petite histoire de France ou l'avez vue récemment au théâtre dans Big Mother. Karina Marimon interprète La Joconde.

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