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© Bernard Richebe
Portrait par Jeanne Hoffstetter
Didier Bourdon
Une palette riche de couleurs

Il vient d'achever « Les inséparables » mis en scène par Ladislas Chollat au théâtre Hébertot, où, partagé entre deux époques il était alternativement le grand-père banquier ou le petit-fils artiste peintre en panne d'inspiration. Touchant, drôle ou profondément cynique, il était formidable.
« Oui, c'était un spectacle très dense, difficile physiquement et nerveusement, d'autant que lorsqu'il s'agit d'une création, s'y ajoute une vraie trouille au ventre. Mais on est tellement heureux après quand le public vous ovationne ! C'est toujours beau de voir le même acteur jouer deux rôles, ça montre que l'on est vraiment au théâtre, c'est l'histoire des masques... Le théâtre est une chose étonnante parce qu'il faut à la fois incarner un personnage et être attentif à tout ce qui se passe sur le plateau, à ses partenaires, ne pas devenir un automate. Pour moi la sincérité est primordiale, les clins d'œil au public ça n'est pas mon travail. Cette pièce est belle, intelligente, mais ça n'est pas non plus Monsieur Teste de Paul Valéry, que j'adorerais jouer d'ailleurs. Au théâtre du Rond-Point par exemple, ou un dix-neuf heures quelque part, pour avoir la possibilité de ne jouer qu'un mois, car je veux continuer à écrire, jouer, ou réaliser pour le cinéma ou la télé...»

J'aime changer, l'important est que le pari soit réussi

En l'écoutant on pense à ce film d'Alain Resnais Smoking, no smoking : Et s'il n'avait pas, tout jeune papa pour faire vivre sa famille, rejoint le théâtre de Bouvard où il rencontre ses futurs compères des Inconnus ?... Car dans sa vie d'avant Didier Bourdon a appris son métier au Conservatoire où il jouait les classiques avec bonheur. « Shakespeare, Molière que j'adore... C'est vrai, j'ai aussi failli prendre une autre direction quand François Chaumette me demandait d'entrer à la Comédie Française. Mais à l'époque tous ceux que j'aimais en partaient, et puis on n'avait pas le droit de jouer en dehors, alors j'ai réfléchi et j'ai dit non. Aujourd'hui c'est différent, et ce qu'y fait Eric Ruff est très intéressant. Mais qu'est-ce qui ce serait passé si j'avais dit oui ?... » Il dit aussi qu'il n'a pas fait ce métier pour étouffer. « J'aime changer, l'important est que le pari soit réussi. » Lui, « le contemplatif, limite paresseux, féru de poésie », l'amoureux de la nature, se dit tellement navré par la disparition des oiseaux et des papillons, malgré sa confiance en l'avenir. « Et vous savez pourquoi ? Parce que l'écologie est un gros marché et s'il y a une vraie volonté humaniste, il y a aussi le fait que l'on ne peut pas passer à côté de l'aspect économique. C'est aussi un combat pour les jeunes qui en ont toujours besoin, le communisme, le consumérisme étant en voie de disparition...» Des projets ? Un film en Corse et pourquoi pas Les inséparables au cinéma ? Il l'imagine déjà ce film... Trouver le temps de faire lire les scénarios qu'il a écrits. « Mais les projets on n'aime pas trop en parler à l'avance... » Des rêves enfin ? « Rejouer pour Ridley Scott ! Jouer Danton, Le roi Lear, l'Impromptu de Versailles... et Alceste quel beau rôle ! Mais là il ne faut pas être trop vieux... Des choses comme ça vous voyez, pour renouer avec mes jeunes années. »
Paru le 20/04/2018

(40 notes)
INSÉPARABLES (LES)
THÉÂTRE HÉBERTOT
Du mercredi 24 janvier au dimanche 13 mai 2018

COMÉDIE DRAMATIQUE. Gabriel Orsini est un peintre renommé en pleine crise existentielle. Dans sa vie, tout fout le camp : faute d’inspiration, il ne peint plus depuis des lustres, malgré le soutien sans faille de Maxime, son fidèle galeriste. Il ne supporte plus sa compagne Célia, qu’il juge trop attentive. Il en veu...

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